Meskine 1

Deux grands-mères, deux langues, deux mots, un même respect des autres

geraldine.immersiongmail.com Par Le 09/03/2022 0

Dans Arts

Ma grand-mère maternelle parlait français et provençal. Le provençal était sa langue maternelle. Elle parlait français avec moi mais dès qu'elle était émue, elle n'utilisait plus que le provençal. Quand elle apprenait la détresse de quelqu'un, elle réagissait par un « Peuchère ! » qui exprimait la peine que lui causait le malheur d'autrui. C'est son « Peuchère ! » qui m'a sensibilisée aux sentiments d'autrui et m'a initiée à l'empathie.

Dans son roman L'art de perdre, Alice Zeniter raconte comment Yema, la grand-mère de la narratrice, enseigne à ses enfants l'empathie : « C'est une règle de politesse élémentaire que Yema enseigne à ses enfants : lorsque quelqu'un dit qu'il a mal, on le croit, on le plaint. Les Français ne connaissent pas selon elle cet art de vivre. Quand tu dis que tu as mal, ils répondent « Mais non », « C'est rien du tout » ou « ça va aller ». Ici (...) si quelqu'un dit : « J'ai mal au dos », l'assemblée entière répond « Meskin ! » avec le plus grand sérieux. » 

« Meskin ! » , « Peuchère ! », des mots différents, des langues différentes mais le même sentiment de compassion. J'aurais aimé que Yema rencontre ma grand-mère. Yema aurait peut-être changé d'avis en découvrant qu'on enseignait la compassion aux enfants en Provence et en langue provençale.

Et pour vous, quel est le mot qui vous relie aux autres et vous permet d'exprimer votre compassion ?

 

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